La recherche et la pratique : toujours si fragmentées

Il s’agit d’un débat qui n’est pas spécifique à la discipline du marketing mais plutôt à la recherche en général. Ce problème a souvent été soulevé aussi bien par les chercheurs qui se posent des questions sur l’apport de leurs travaux de recherche que par les praticiens qui s’interrogent sur le rôle des chercheurs et les raisons derrière tout le mal qu’ils se font pour réaliser un travail de recherche perçu « superflu » par les managers… Quelles sont les causes de cette fragmentation ? Quelles sont les solutions possibles ?

Les travaux de recherche ont souvent été appréhendés à de simples moyens pour l’obtention d’un diplôme ou pour garantir une publication dans les revues scientifiques et c’est justement cette vision qui a fait que la majorité des chercheurs préfèrent garder leur autonomie et n’essayent pas de coopérer avec les professionnels. Ces derniers recourent aux bureaux de consulting et s’acharnent sciemment dans la recherche des solutions à leurs problèmes spécifiques, locales et ponctuelles.

La contribution managériale d’un travail de recherche ne se limite pas à un simple paragraphe que le chercheur développe à la fin de son travail sous le titre « Implications Managériales ». Je pense que la valeur même du travail dépend intégralement de son apport sur un plan pratique. Parfois les résultats d’un travail de recherche semblent être d’une précieuse aide pour les professionnels, alors pourquoi ne pas en profiter ? Pourquoi accorder si peu d’importance à ce volet ? Pourquoi ne pas discuter des apports pratiques du travail avec les praticiens et faire ainsi converger les objectifs des deux parties?

Les raisons de ce problème sont si nombreuses qu’on a du mal à les cerner. D’abord commençons par le fameux volet pédagogique. Les professionnels ne sont pas en contact permanent avec les instituts, écoles et facultés, le cours qu’on enseigne se limite à des notions théoriques parfois vagues dont il est difficile de souligner l'application.

D’un autre côté, bien qu’on ait souvent encouragé les étudiants à élaborer des projets tout au long de l’année, et bien qu’on ait essayé de familiariser les jeunes chercheurs avec le monde pratique, les entreprises semblent résister à cette collaboration et portent des doutes quant à l’apport de ces jeunes étudiants, ces derniers ne fournissent pas l’effort de leur prouver le contraire parce qu’ils ne sont pas si sûrs de leur contribution managériale.

Par ailleurs, les chercheurs sont souvent absorbés par l’idée d’apporter une contribution théorique et se trouvent emportés par une quête obsessionnelle de scientificité ce qui se répercute sur la contribution managériale. Certes le background théorique est indispensable à tout travail de recherche et personne ne pourrait nier l’importance des travaux antérieurs. Sauf que ça ne devrait, et en aucun cas, accabler le chercheur et limiter sa vision. Le monde pratique permet de concrétiser des concepts théoriques abstraits et clarifier la problématique.

La création d’un terrain d’entente entre les praticiens et les chercheurs semble être possible sauf que le monde de la recherche est déjà fragmenté : on note les partisans de la recherche qualitative et ceux de la recherche quantitative, la flagrante discrimination entre les établissements qu’on note dans les conférences, les « clans » de chercheurs…etc. Peut-on alors espérer une entente entre les professionnels et les chercheurs si ces derniers sont déjà en désaccord entre eux?!


Publié le mardi 19 août 2008 Visualisé 5750 fois

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